Qui plus est, plus on monte dans la hiérarchie ou sur les fonctions de leadership, moins les femmes sont nombreuses. Seulement 13% de femmes à la fonction de DSI selon l’étude 2018 « CIO Survey » du Gartner.Mais le plus alarmant est que l’écart semble se creuser. En atteste la baisse de la proportion de filles dans les écoles d’informatique.
Les métiers de l’IT ont plus que jamais besoin des femmes
D’abord, parce que les fonctions de l’IT sont marquées par une terrible pénurie des talents. Le nombre de postes non pourvus dans les métiers du numérique explose. Comme le rappelait récemment Kat Borlogan, la directrice de la Mission French Tech, la première menace pour les startups françaises, c’est la capacité à recruter. Le constat est identique dans les départements informatiques des grandes entreprises.
Or en l’état actuel, le monde de l’IT se prive virtuellement de la moitié de ses talents ! Le fait d’attirer davantage les femmes contribuerait en effet largement à élargir les viviers de talents et à résoudre le problème.
D’autre part, les métiers de l’IT auraient tout à gagner à accueillir plus de femmes pour une raison simple : la mixité accroît la performance des équipes. De nombreuses études montrent en effet les effets positifs de la mixité sur l’engagement et la confiance des collaborateurs, la satisfaction des clients mais aussi l’image de marque de l’entreprise.
Selon le cabinet McKinsey, qui publie depuis dix ans la série d’étude « Women Matter », les entreprises comprenant 3 femmes (soit 30% d’un comité classique) ou plus au sein de leurs instances dirigeantes obtenaient des scores de performance jusqu’à 7 points supérieurs aux autres entreprises.
L’enjeu de l’attractivité
Si les arguments ne manquent pas pour aller vers une plus grande parité, comment favoriser le mouvement ? Plusieurs axes peuvent être identifiés. Le principe des quotas, souvent mentionné, pourrait être une solution mais elle est peu satisfaisante d’un point de vue intellectuel. Et il faudrait sans doute avant tout faire changer les perceptions sociales. Plutôt que d’imposer, il faut sans doute davantage faciliter, fluidifier l’accès des femmes aux métiers de l’IT et les encourager à choisir ces carrières.
A l’ère de la transformation numérique, les métiers de l’IT suscitent un engouement certain, mais de nombreuses fonctions sont largement considérées comme masculines. Architecte SI, ingénieur réseau, chef de projet AMOA, data scientist, développeur logiciel… sont autant de métiers pour lesquels les femmes manifestent un véritable désamour. Il est urgent de donner plus de visibilité aux femmes présentes dans ces filières pour attirer davantage de candidates.
Des initiatives commencent à émerger, c’est le cas de Microsoft France, par exemple, qui a adhéré à la charte #JamaisSansElles et s’est ainsi engagé à une participation croissante des femmes, en interne au sein des événements de l’entreprise comme en externe, lors d’interventions publiques ou dans le cadre de rendez-vous d’affaires avec leurs clients et partenaires.
L’enjeu de l’empowerment
Pour briser le plafond de verre, il faut également faire prendre conscience aux femmes de leurs capacités, et leur donner conscience de leur valeur, de ce qu’elles ont à apporter aux équipes informatiques.
Il existe aujourd’hui un véritable mouvement sociétal, avec de grandes figures issues de milieux politiques comme du show business, qui encouragent les femmes à sortir de leur zone de confort, à afficher leurs objectifs et à libérer pleinement leur potentiel pour casser les barrières sociales.
Il faut appliquer ces mouvances au monde de l’informatique pour que les femmes cessent de se dévaloriser, d’afficher des prétentions salariales plus faibles que les hommes, et accèdent enfin aux postes stratégiques et techniques.
Là encore, l’éducation et la communication sont clés. Et de belles initiatives se développent, comme l’association French Women CIO, qui vise à « Donner de la visibilité à toutes les femmes qui travaillent dans une direction des systèmes d’information ou une direction digitale afin que chacune puisse devenir à son tour un rôle-model. »
Les femmes sont indéniablement les bienvenues dans les métiers de l’IT, elles ont toutes les raisons de faire preuve de plus d’audace.
Par Manuela Delfort-Garampon , cofondatrice de Club Freelance
Source : La Tribune – 05/10/2020